Iolenda, l'enfant de Zingara

Un rayon de soleil encore pourpre, chatoyant présent du petit matin, vint, comme chaque jour, se briser contre la façade de l'établissement cossu qu'était l'auberge du Quartier Noble. Il glissa le long de la paroi blanchie de chaux, rampa comme un serpent das les interstices qui servaient de fenêtres aux chambres d'étages, conçues dans le but d'empêcher les intrusions de voleurs ; pour effleurer enfin la joue à la carnation légèrement olivâtre d'une jeune fille, plongée jusque là dans le sommeil profond de son âge.
Pelotonnée alors contre la puissante silhouette d'un homme, la main posée sur un enfançon qui semblait lui aussi emporté dans le tourbillon apaisant des songes, elle remua légèrement, gênée par la soudaine lumière. Puis elle ouvrit doucement les yeux, avant de se lever en silence pour ne pas réveiller les deux personnes qui gisaient toujours dans l'inconscience. D'un coup d’œil de ses yeux noirs, Iolenda, quinze ans, s'immobilisa pour contempler le tableau que formait à la fois son mari et son fils, réunis dans la même pièce pour une quinzaine de jours au moins. Souriant avec tendresse, ses pieds nus la portèrent près de la fenêtre, d'où elle écouta une minute les bruits naissants de la brillante ville de Tarantia, qui s'éveillait tout juste dans la chaude lueur des premiers jours de l'automne.

Elle avait toujours trouvé rassurant les bruits familiers que faisaient les domestiques et les mères de famille dès les premières heures de la journée. Le seau qu'on tirait du puits, les chiens qui aboyait dès les premiers pas des matrones dans la rue qui s'encombrait peu à peu de chariots, de chevaux, de servantes parties quérir les provisions de la journée aux étals fièrement exposés - tout ce qui lui était finalement interdit, depuis la seconde tentative d'enlèvement dont elle avait été la cible depuis qu'elle était "libre". Rien que ce mot ne lui inspirait que cynisme tellement les réalités qu'il recouvrait semblaient éloignées de la définition qu'elle aurait donné à ce mot, quelques mois auparavant. Peut-être était-elle simplement folle, comme elle l'avait cru après son enlèvement à Khémi, après les violences des deux salauds qui l'avait séquestré dans une tombe en menaçant le bébé encore dans son ventre... peut-être qu'elle était simplement fatiguée.
Depuis que l'enfant s'était manifesté dans son ventre, le lendemain de la première nuit avec Westgnard, le barbare qui avait accepté de passer une nuit avec elle - parce qu'elle l'avait réellement décidé, elle, et personne d'autre à sa place - depuis que ce dernier lui avait donné de l'argent pour qu'elle rachète sa propre liberté, la jeune fille d'une quinzaine d'années s'était petit à petit convaincue qu'il ne pouvait se dérouler qu'un avenir parfait, tout rempli de la myriade d'étoiles que le ciel pouvait offrir à la tombée de la nuit, par temps clair. Ce qui avait été loin d'être le cas, même si, dans l'ensemble, la vie commençait à ressembler à ce qu'on pouvait vraiment attendre d'elle.

Par exemple, rien que l'endroit qu'ils habitaient pour le moment, rien que ça, il était enchanteur. Pleine de catins et de gigolos, des gens qu'on retrouvaient partout et qui étaient un peu partout les mêmes, des tenancières, des tenanciers, des servantes, des danseuses, tout ceux-là qui la traitaient comme si elle était une personne à part entière. Qui lui murmuraient des mots gentils et essayaient de l'aider à surmonter sa timidité. Parmi lesquels la jeune fille se forgeait une place, un peu floue, un peu bâtarde, mais qui l'emplissait néanmoins de fierté !
Et les pierres... ces pierres claires, froides sous ses pieds souples, maculés de saleté. Une cuisine énorme, avec des fourneaux qui exhalaient la douce odeur du pain frais, des marmites qui bouillaient doucement avec les lentilles, le lard et des choux, un grande table couverte le soir de venaisons et de vin qu'on acheminait dans la grande salle en vitesse. On sortait de là la peau écarlate, les yeux brillants de gourmandise ; et par-dessus tout, avec la certitude absolue de ne plus jamais avoir faim. Et ça, c'était vraiment un cadeau des dieux.

Peut-être même qu'un jour, elle n'aurait plus peur, que cette crampe quitterait son ventre, qu'elle se sentirait aussi belle et femme que dame Jeyzabel, ou Dame Ashree.
Oui, cette auberge, c'était la savoureuse promesse de l'espoir, avec le rêve d'une véritable place définie. Marmiton (miam, la cuisine), servante, musicienne... Elle avait toujours été prête à tout pour survivre. Maintenant qu'elle avait presque perdu ce genre de réflexes, il ne lui manquait qu'un rôle défini dans la vie - à part celui de mère, bien sur. Et Iolenda, l'enfant perdue de Zingara, quinze ans, était prête à tout pour s'attacher véritablement les gens de l'auberge. Elle avait tant besoin de leur affection !

Alors, sinon, dans la vie, j'ai 25 ans, je suis mariée depuis un an et demi et je vis en Suisse mais je suis française. Je suis en première année en HES sociale, pour devenir éducatrice sociale à terme, dans trois ans.
Je fais énormément de roleplay, que ce soit en JDR papier, sur MMO, mais mon option préférée reste les forums d'écriture - j'ai plus de temps pour. J'étais dans la guilde du Syndicat précédemment sur AOC mais je m'y ennuyais. Comme je faisais beaucoup plus de choses avec vous, il m'a semblé beaucoup plus logique de venir postuler ici Et puis il faut dire que Tehnvard m'a encouragé... et puis... bah... me voilà.

J'espère que vous avez aimé l'introduction RP, j'ai vraiment fait ça sur le pouce !

J'ai beaucoup aimé ce texte, Iolenda, et je suis ravi de trouver une personne aimant l'écriture. Cela devient si rare ! Ce forum est le tien, profites-en donc bien.

Tout le forum t'est à présent ouvert, profites-en à ta guise. Je te ferai une signature agrémentée d'un thème musical adapté. Je peux t'en proposer (pas imposer) si tu n'as pas d'idée précise.